AGC Glass Europe, fournisseur verrier, a réalisé une étude d’opportunité sur le mix énergétique bas carbone pour la décarbonation de son site industriel.

Le Groupe AGC Glass Europe est un fournisseur verrier pour la construction, l'automobile, le solaire et le secteur high-tech. Le Groupe compte une centaine de sites industriels en Europe, dont le site de Boussois, spécialisé dans la production de verre plat pour le bâtiment. En 2021, le site de Boussois a produit plus de 200 000 tonnes de verre.

En plus de la volonté du Groupe AGC de suivre la trajectoire de réduction des émissions de GES pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les enjeux de décarbonation du site convergent avec la nécessité de réduction de la dépendance aux énergies fossiles mais aussi de maîtrise des coûts d'exploitation dans un contexte de volatilité des prix énergétiques. À noter que le site vise la certification ISO50001 courant 2023 et est soumis au système d'échanges de quotas d'émissions (SEQE-UE).

Le profil énergétique du site est caractérisé par un fort besoin de chaleur, pour le process de fusion notamment. Cela se traduit aujourd'hui par une consommation énergétique d'environ 597 GWh / an, avec 93% de l'apport énergétique provenant de gaz naturel. 96% de la consommation de gaz naturel est destiné à l'alimentation du process de fabrication de verre plat. 
Le site a déjà mené certaines actions d'amélioration de la performance énergétique. Il porte également des projets d'électrification partielle de four et d'utilisation d'hydrogène avec captation de CO2 à 2030. 

  • 597 GWh/an

    Consommation énergétique totale en 2021

  • 93 %

    Part actuelle du mix énergétique d’origine fossile 

  • 96 550 TCO2/an

    Bilan des émissions de GES

  • 2900 kWh

    /tonne de moût : Indicateur d’efficacité énergétique moyen

  • L'étude d'opportunité sur le mix énergique bas carbone doit permettre à l'industriel d'avoir une vision exhaustive des solutions de décarbonation compatibles techniquement avec son procédé ainsi qu'une analyse multicritère (technique, énergétique, environnementale et économique) des principaux leviers d'action.

    Cet accompagnement vient en complément de l'audit énergétique pour proposer des solutions axées sur la décarbonation du mix énergétique du site industriel. Ainsi, 4 thématiques sont analysées :

    • La récupération de chaleur fatale ;
    • Les énergies renouvelables thermiques et électriques ;
    • L'électrification des process ;
    • La production d'hydrogène.
       

    L'étude aboutit à la construction d'une feuille de route de décarbonation à court et long terme (objectif à 2050). L'accompagnement est conduit en amont d'éventuelles études de faisabilité, qui permettront quant à elles d'approfondir les solutions retenues par l'industriel.

  • L'accompagnement du bureau d'études Inddigo s'est déroulé en 7 étapes sur une période totale de 3 mois. Après une première réunion de lancement et une étude documentaire préalable, le site est visité afin de compléter le diagnostic technique, comprendre en détails les process et recenser l'ensemble des enjeux locaux

    L'adéquation entre les besoins du site, les solutions et les ressources disponibles est évaluée. Les 4 axes de décarbonation sont investigués mais tous ne sont pas retenus. Les solutions de géothermie et de solaire thermique n'ont pas été retenues comme des énergies à privilégier compte tenu des quantités de chaleur fatale disponibles sur le site. Par ailleurs, la mise en place d’un gazéificateur biomasse n'est pas compatible avec les besoins de puissance du site. Enfin, les retours d'expérience concernant l'utilisation de syngas sur l'étape de fusion ne sont pas suffisants pour écarter totalement le risque d'impuretés.  

  •  A l’issue de l’analyse technico-économique, 4 projets de récupération de chaleur ont été identifiés, pour un potentiel total de 45 GWh :  

    1. Sur les tours aéroréfrigérantes (TAR) utilisées pour refroidir le verre :  
      1. Potentiel récupérable : 8,3 GWh (20-25°C)
      2. Valorisation : pompe à chaleur pour chaussage des halls
    2. Sur les salles de compresseurs :  
      1. 3 GWh (70°C)
      2. Valorisation : chauffage des locaux, ballon ECS et préchauffage de l’eau d’alimentation des chaudières vapeur
    3. Sur les fumées :
      1. Potentiel récupérable : 27,8 GWh (120°C)
    4. Sur les pertes thermiques du four :  
      1. Potentiel récupérable : 7,4 GWh (40°C)

    La récupération de chaleur sur les fumées et sur les pertes du four pourrait permettre d'alimenter le réseau de chaleur urbain de Maubeuge. Des études de faisabilité sont néanmoins nécessaires pour approfondir ces solutions. 

    Un projet de centrale photovoltaïque a été investigué avec la déclinaison par scénario : centrale au sol, en toiture sur 15 400 m2 ou sur 18 000 m2. 
    Les gains en termes d'émissions de GES des pistes d'électrification de four et l'alimentation du four hydrogène (solutions non cumulables) ont également été estimées pour compléter les orientations du site.

  • Le potentiel de réduction cumulé de décarbonation s’élève à 20% à court terme, et à 40% d’ici à 2045 en tenant compte des projets longs termes du site.

    Il est important de noter qu’il s’agit des chiffrages moyens fournis à titre indicatif (étude de niveau opportunité) qui nécessiteront d’être affinés par une étude de faisabilité plus précise.    

    • Récupération de chaleur sur les TAR 
      • Investissement : 860 k€ 
      • Subvention éligible : 323,7 k€ (CEE non standardisé) 
      • Temps de Retour Brut : 2-5 ans 
      • Gain des émissions directes GES : 776 tCO2e / an (0,8% site) 
    • Récupération de chaleur sur les compresseurs 
      • Investissement : 413 k€ 
      • Subvention éligible : 129,6 k€ (CEE non standardisé) 
      • Temps de Retour Brut : 2-5 ans 
      • Gain des émissions directes GES : 311 tCO2e / an (0,3% site) 
    • Centrale photovoltaïque  
      • Les 2 projets (centre + toiture) photovoltaïques sont viables mais pas nécessairement cumulables comme le taux d’autoconsommation est alors réduit à 85%.  
      • L’installation de la centrale en toiture nécessite de prévoir une rénovation et une étude de la structure.  
      • Temps de Retour Brut : 5-10 ans 
      • Potentiel de réduction de 10% des consommations d’électricité 
    • Electrification de four à hauteur de 25% 
      • Gain des émissions directes GES : 18 437 tCO2e / an (-19% site) 
    • Alimentation four avec 25% d’hydrogène  
      • Gain des émissions directes GES : 18 575 tCO2e / an (-19% site) 

  • Pour réussir sa transition énergétique, il faut travailler en écosystème local afin de partager la chaleur à récupérer et les énergies produites, sans oublier la récupération des vitrages en fin de vie. 

    Charles WAVRIN

    Responsable DES de l’usine de Boussois

    AGC

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